Visite guidée de la maison d'arrêt de Lyon-Corbas : La promenade des anglets

Comme nous l’avions annoncé dans nos pages, Kamel Daoudi, assigné à résidence depuis plus de 12 ans, a écopé d’une peine de 12 mois de prison ferme à la suite d’un retard de 30 minutes sur son couvre-feu quotidien. Plutôt que de s’indigner du traitement judiciaire et extrajudiciaire ahurissant que M. Daoudi et sa famille subissent depuis bientôt 20 ans, il nous apparaît plus opportun de laisser place au témoignage et à l’enquête. La semaine dernière, nous avions pu visiter sa cellule du quartier d’isolement de la maison d’arrêt de Lyon-Corbas, cette semaine, il nous fait faire le tour de la promenade.

Une fois par jour, le matin ou l’après-midi, l’administration pénitentiaire condède à te donner le droit de sortir de ta cellule pour une heure de promenade. Il n’y a pas si longtemps, ce droit était d’au moins une heure le matin et une heure l’après-midi. Mais au fur et à mesure des exigences des syndicats les plus réactionnaires et faute de combattants pour préserver ce droit de haute lutte, le droit s’est amenuisé au strict minimum de ce que les institutions accordent pour ne pas violer les sacro-saints droits de l’homme.

Tu vois, le rituel est toujours le même, à l’ouverture de la porte de la cellule que tu occupes, vers 7 heures du matin, tu dois remettre ton courier en main propre et annoncer que tu souhaites aller en promenade. On te désigne ton horaire : 9 heures ou 10 heures (le matin), 14 heures ou 15 heures (l’après-midi). Si pour une raison ou une autre tu n’es pas debout, la promenade et purement et simplement annulée. C’est toujours une souffrance de prononcer ce mot lorsque tu sais ce qu’il renferme ici. Tu ressens une humilation suplémentaire à chaque syllabe que tu prononces. Les cours de promenade sont au même étage, juste en face des cellules, de l’autre côté de la coursive. Il y en a une demi douzaine. Le rituel est toujours le même car la routine est…

Auteur: lundimatin
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