Comme nous l’avions annoncé dans nos pages, Kamel Daoudi, assigné à résidence depuis plus de 12 ans, a écopé d’une peine de 12 mois de prison ferme à la suite d’un retard de 30 minutes sur son couvre-feu quotidien. Plutôt que de s’indigner du traitement judiciaire et extrajudiciaire ahurissant que M. Daoudi et sa famille subissent depuis bientôt 20 ans, il nous apparaît plus opportun de laisser place au témoignage et à l’enquête. Après nous avoir fait visiter sa cellule, la promenade, évoqué ce temps qui ne passe pas, et fait goûter la gamelle, M. Daoudi nous raconte cette semaine « l’angoisse ».
Angoisse
Chaque fois, c’est la même chose.
Il faut marcher dans la tête de tous ces ennemis putatifs.
Ne pas leur laisser le bénéfice du doute.
C’est ainsi. Le doute ne profite plus à celui que l’on peut écraser.
Le doute ne profite point à celle que l’on peut parjurer.
Il faut sans cesse se mettre en état d’empathie pour celui ou celle qui a juré votre perte.
Non pas pour les rendre plus humains mais pour déceler comment leurs cerveaux fonctionnent, comment leurs âmes amenuisées s’animent, comment leur intellect sélectif perçoit la situation.
Il faut à la manière d’un courtier, utiliser les lois de la physique quantique, quantifier en permanence leurs stratégies aussi éphémères et étriquées soient-elles ; les synthétiser, les faire siennes même si on les vomit de toutes ses synapses.
Et élaborer à son tour, une tactique non pas une stratégie, mais une tactique dont résonne le tic-tac anthropophage de toutes ces choses que l’on n’a pas pu faire.
Ces instants que l’on a perdu à jamais pour soi, pour ses enfants, pour son binôme : pour ceux qui nous accompagnent qu’on ne peut laisser, délaisser, délester.
Toute votre formation d’infortune qui vous a supporté au long cours dans l’adversité, vous a servi de leurre dans les escarmouches les plus audacieuses,…
Auteur: lundimatin
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