Visite guidée de la maison d'arrêt de Lyon-Corbas : Souvenirs

Comme nous l’avions annoncé dans nos pages, Kamel Daoudi, assigné à résidence depuis plus de 12 ans, a écopé d’une peine de 12 mois de prison ferme à la suite d’un retard de 30 minutes sur son couvre-feu quotidien. Plutôt que de s’indigner du traitement judiciaire et extrajudiciaire ahurissant que M. Daoudi et sa famille subissent depuis bientôt 20 ans, il nous apparaît plus opportun de laisser place au témoignage et à l’enquête. Après nous avoir fait visiter sa cellule, la promenade, évoqué ce temps qui ne passe pas, et fait goûter la gamelle, M. Daoudi revient cette semaine sur un souvenir.

Un interminable chapelet de chamelles de Bactriane s’étendait à perte de vue sur la vallée rocailleuse où quelques scorpions et araignées des sables se confondaient avec les cailloux et les pierres éparpillées ça et là dans un décor martien. Ces animaux aux fourrures épaisses semblaient jeter des regards dédaigneux et narguer le soleil irradiant tout dans sa course calculable dans un décor de géhenne post-apocalyptique.

Aux commissures de ces peluches ventriloques, on apercevait des femmes au teint tellement halé qu’on aurait dit des pirates sorties des mirages sur ces nefs dont la taille tranchait avec leur taille de bohémiennes lilliputiennes.
Elles portaient chacune un petit foulard multicolore accroché à la hâte pour faire taire les miliciens Taliban qui seraient tentés de leur faire un sermon sur leur vêture de petite vertu.

Mon regard croisa celui de l’une d’entre elles qui paraissait la plus hardie et la plus téméraire. Sa robe poussiéreuse rapiécée se confondait presque avec son visage buriné par la fatigue de son odyssée, les tempêtes de sable et l’ardeur du soleil. Ses petits yeux luisants semblaient m’inviter à une lecture de ma propre bonne aventure.

Elle savait que nous n’étions pas des Taliban, mes des jeunes hommes venus d’Arabistan. C’est comme cela que tous…

Auteur: lundimatin
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