À l’approche de l’hiver et face à l’asphyxie de nos sociétés, grandit, en nous, une folle envie de cabanes. Un besoin irrépressible de se fondre dans les bois, de se glisser dans nos tanières, de trouver des refuges par-delà les à-pic, la brume et le vent. Dans les pensées de l’écologie, c’est même devenu une évidence. « Il faut apprendre à habiter différemment notre époque », nous enjoignent les philosophes. Et quoi de mieux que ces bâtisses faites de bric et de broc, ces murs en pierres sèches construits à même la terre battue, ces toits de chaume et d’ardoise, pour imaginer d’autres manières de se relier, retrouver du souffle et goûter à la frugalité de nos existences ?
Ces dernières années, les cabanes sont devenues un sujet à part entière, un espace de respiration, d’émerveillement et de subversion. Face à des urbanités gangrenées par AirBnb, face aux métropoles policières, quadrillées et aseptisées, les cabanes ré-ouvrent les possibles. À l’écart des routes, on y vit la décroissance. La nuit, on retourne, volontairement, à la bougie. On écoute le poêle qui ronronne, le feu qui crépite, la neige qui tombe dehors. Comme une échappée furtive dans le cœur battant du monde.
Nos derniers communs
Récemment, deux architectes, Gauthier Delvert et Raphaël Guillemette, ont recensé dans un ouvrage les cabanes nichées dans les montagnes en France. Leur livre Abrume, publié aux éditions Ulmer, est une invitation à la rêverie et à la sobriété. Pendant un an, les deux jeunes auteurs sont partis sur les chemins des alpages, au cœur des forêts, pour habiter, dessiner, documenter et photographier ces « cabanes sauvages, appelées aussi cabanes non gardées ou cabanes libres ».
Les particularités de ces habitations légères ? Elles sont ouvertes à tous et à toutes, sans cadenas ni porte verrouillée. Elles ne peuvent pas être réservées ni privatisées. Dernier…
Auteur: Gaspard d’Allens