Vivre près d'une centrale nucléaire : ils se confient

« Comment mettre en mots toutes ces choses qui nous touchent ? » Après avoir hésité, Mireille a finalement écrit un texte intitulé « Ce n’est pas donné à tout le monde ». Elle y raconte la « charge mentale quotidienne » qu’impose la vie auprès d’une centrale nucléaire. Elle habite près de celle de Belleville-sur-Loire, côté Nièvre. Dans son texte, qu’elle présente en cette journée de mi-février à Tours, elle évoque « les gracieux panaches de fumée » visibles de partout, « la boîte de pastilles d’iode » et « le livret des bons réflexes en cas d’accident » à portée de main, les réveils en sursaut « au bruit d’une sirène qui n’a pas sonné », la lassitude d’avoir peur d’un danger inodore et silencieux…

Mireille fait partie des contributeurs aux Doléances atomiques lancées par le Comité Centrales. « Ce comité est né en 2018 de la rencontre entre les militants antinucléaires de l’infotour sur Cigéo [projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse)], en région Centre, et du projet de piscine d’entreposage des déchets radioactifs à Belleville-sur-Loire », raconte Catherine Fumé, l’une de ses membres.

Le comité a réalisé un film sur les luttes historiques contre l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioctifs (Andra), Notre Terre mourra proprement. « Pendant la tournée de présentation, les gens nous demandaient souvent : “Qu’est-ce qu’on peut faire ? Ça nous a donné l’idée des doléances. »

Lire aussi : Quand nos campagnes refusaient de devenir une poubelle nucléaire

L’objectif est ainsi de tirer un « bilan émotionnel » des dernières décennies du nucléaire, en replaçant le débat du point de vue de celles et ceux qui vivent concrètement le nucléaire au quotidien, dans leur chair. La période y est propice : après l’annonce de la relance de la filière par Emmanuel Macron, un débat public sur la construction de nouveaux réacteurs EPR a été organisé. « Nous voulons dépasser ce débat qui se résume souvent à des discussions experts contre experts. Nous voulons donner la parole à ceux qui n’y participent jamais, parce qu’ils ne se sentent pas légitimes. Ils le sont pourtant vraiment, parce qu’ils vivent le nucléaire ! »

Une « base populaire » contre le nucléaire

Le Comité Centrales a lancé un appel et créé une messagerie pour recueillir textes, photographies, dessins, vidéos, enregistrements sonores… Tout le monde peut y participer. Il organise aussi des portages de paroles. Le principe : « Poser une question dans l’espace public et proposer aux passants d’y répondre en écrivant sur des pancartes laissées sur place. Les gens s’arrêtent et…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Fanny Lancelin Reporterre