Voir l’eau invisible, ou comment imager le remplissage et l’évolution des nappes phréatiques

Après la sécheresse de l’été 2022, la France connaît en 2023 une situation très contrastée entre des canicules d’un côté, et une météo relativement arrosée de l’autre. Ceci illustre bien l’hétérogénéité spatiale des phénomènes météorologiques, aggravée par le changement climatique. Dans ces conditions, on comprend que les nappes phréatiques, nos principaux réservoirs d’eau douce, puissent se remplir (et se vider) de façon très variable sur le territoire.

L’eau douce accessible aux plantes, aux animaux et aux sociétés humaines ne correspond qu’à 1 % du total de l’eau sur Terre… et plus de 98 % de cette eau douce liquide est stockée dans le sol (les premiers mètres de terre meuble sous la surface) et le sous-sol (les formations rocheuses sous ce sol) de notre planète.

Ainsi, l’eau souterraine est une eau invisible, qui se trouve dans les espaces entre les grains du sol et des roches, dans les pores, les fissures ou les fractures des roches. On est bien loin de l’image du « lac souterrain » qu’évoquent souvent à tort les termes de « nappe phréatique ». Ces aquifères peuvent être continus ou discontinus (séparés par des roches imperméables) : un élément crucial pour comprendre les flux d’eaux souterraines.

Schéma de la distribution de l’eau dans le sous-sol (roches aquifères poreuses ou fracturées) et des méthodes géophysiques utilisées pour en suivre la dynamique.
Damien Jougnot, modifié à partir de Hermans et coll., 2023, HESS, CC BY

Ces eaux souterraines jouent un rôle essentiel pour la société en tant que source principale d’eau potable, ou pour les écosystèmes en fournissant un débit de base aux rivières et une réserve pour la croissance des plantes. C’est pourquoi, depuis quelques années, nous nous inquiétons tant du « niveau des nappes » et de l’« humidité des…

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Auteur: Damien Jougnot, Directeur de Recherche CNRS, Sorbonne Université