Pour son livre Des électeurs ordinaires — Enquête sur la normalisation de l’extrême droite (Seuil, mai 2024), le sociologue Félicien Faury est allé à la rencontre de simples citoyens, artisans, employés, pompiers… qui votent pour le Rassemblement national.
Il s’est ainsi rendu en Provence-Alpes-Côtes d’Azur (Paca), une région « qui tranche avec les images d’Épinal de la “France des oubliés” qu’on assimile au vote lepéniste, explique-t-il. Il s’agit de territoires très attractifs, ce qui engendre de très fortes inégalités territoriales qui participent aux succès électoraux du RN. »
Reporterre — Qui sont les électeurs et électrices que vous avez interrogés ? Leurs profils sont-ils variés en termes de professions, d’âges, de milieux sociaux ?
Félicien Faury — Il s’agit de profils variés, mais on peut repérer certains points communs. Premièrement, j’ai travaillé sur l’électorat non-ouvrier du RN, qui reste très important pour ce parti. Une des caractéristiques communes des personnes rencontrées est qu’elles ne se sentent pas en fragilité sur le marché du travail. Elles ont souvent un statut socioprofessionnel relativement stable, et n’ont pas peur de se retrouver au chômage. Cela tranche avec une autre partie de l’électorat lepéniste, davantage populaire et précaire sur la question de l’emploi.
Cela ne signifie pas que ces électeurs n’ont pas de préoccupations économiques, au contraire. Mais celles-ci portent sur d’autres enjeux : la valeur du logement, les taxes payées, l’accès aux aides sociales, à des services publics de qualité, etc. Ces préoccupations économiques vont s’entremêler à certaines visions du monde racialisées et ainsi pousser au vote RN.
C’est l’un de vos premiers constats : les électeurs et électrices du RN ne sont pas motivés soit par une logique économique, soit par une logique raciste. Ces deux composantes s’entremêlent…
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Auteur: Justine Guitton-Boussion