« Voter blanc c'est voter brun » : cabale contre l'abstention et le vote blanc

Mobilisation générale

« Dimanche, il n’existera qu’une seule manière de contribuer à éviter que la candidate d’un parti d’extrême droite, Marine Le Pen, accède au pouvoir : c’est de voter pour son adversaire, Emmanuel Macron […]. Ni le vote blanc ni l’abstention ne seront d’une quelconque utilité pour préserver notre pays de l’irrémédiable. » Avec ces quelques lignes, le 22 avril, soit l’avant-veille du second tour de l’élection présidentielle de 2022, le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio, appose un point final à deux semaines de propagande pour le vote Macron. La presse quotidienne et hebdomadaire (exception faite du Figaro et de Valeurs Actuelles) ainsi qu’une partie des médias audiovisuels ont, entre les deux tours de l’élection, fait campagne contre Marine Le Pen – feignant de ne découvrir qu’alors son programme et alors même qu’en parallèle, ces médias contribuent à la normalisation du RN –, contre l’abstention et le vote blanc ou nul, et donc pour le vote en faveur d’Emmanuel Macron.

Franz-Olivier Giesbert dans Le Point (21 avril) assure qu’« il n’y a pas d’autre solution que Macron ». Le refrain est repris par Bernard-Henri Lévy dans le même numéro – dans un style beaucoup plus lyrique : « Il y a, en cet instant, une urgence, une seule : faire que la maison Macron, forte de nos voix, nous garde de sombrer dans l’étang noir des mauvaises passions françaises. » Pour Riss dans Charlie Hebdo (20 avril), « il faut aller voter. Pour qui ? Pour l’adversaire de Marine Le Pen. » Et d’expliquer que « c’est une conclusion logique, un phénomène mécanique, un théorème aussi implacable que celui d’Archimède. »

Par passion de lui-même, Raphaël Enthoven « plutôt-Le Pen-que-Mélenchon » déploie un éventail d’arguties auto-référencées pour dire qu’il ira « d’un cœur léger, le 24 avril 2022, à 8 h 01, déposer un bulletin Emmanuel Macron dans l’urne en [se] disant : « Plutôt un monde perfectible qu’un cauchemar de cinq ans ». » (Franc-Tireur, 20 avril) Moins enthousiaste, Caroline Fourest affirme, la semaine précédente dans le même journal, que « si nous n’allons pas voter contre Marine Le Pen au second tour en raison de cette lassitude [faire barrage], c’est la corde qui nous pend au nez. » Jean-François Kahn et Jacques Julliard dans Marianne (21 avril) reprennent le slogan martelé dans l’essentiel de la presse : « L’impossible ni-ni » puisque « Le Pen ou Macron sera élu président de la…

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Auteur: Mathias Reymond Acrimed