Vous êtes propriétaire d'une forêt ? Protégez-la

Dans la région de Tarnac, en Corrèze, des citoyens s’opposent à la coupe rase d’une forêt de feuillus. Sa propriétaire aurait décidé de la raser pour replanter des résineux, dont les cours augmentent et dont la replantation est subventionnée par le gouvernement, dans le cadre de sa politique bois-énergie.

Le chantier a commencé mi-novembre 2022, s’est arrêté devant l’ampleur des mobilisations, puis a repris le 13 février sous escorte de la gendarmerie, avant d’être à nouveau stoppé par la présence de citoyens. Venue en soutien de cette lutte, Chloé Herzhaft, secrétaire régionale Europe Écologie-Les Verts Limousin et formatrice en intelligence territoriale (développement durable des territoires), a envoyé la lettre suivante à la propriétaire, restée jusque-là injoignable.


Madame, 

Je vous écris suite à une manifestation organisée par les habitant(e)s de Tarnac et de ses environs pour demander, publiquement, devant les médias, qu’une coupe rase d’une forêt de feuillus soit suspendue. Nous étions présent(e)s, en soutien avec ces habitants, en soutien avec cette forêt connue pour sa beauté.

Nous n’étions pas à ce rassemblement par envie de manifester, de même que nous ne sommes pas venu(e)s jusqu’à cette forêt pour vous incriminer, en tant que propriétaire. Nous sommes venus parce que nous sommes sincèrement inquiets de la disparition majeure et massive de nos dernières forêts à réelle naturalité, partout dans nos territoires, en France et ailleurs. 

Alors, bien sûr, disons-le tout de suite, nous ne remettons absolument pas en question la notion de droit de propriété. Personne ne souhaite fragiliser ce droit fondamental, qui a été intégré dès les origines dans l’article 2 des Droits de l’Homme et du citoyen. D’ailleurs, la devise française des origines s’est d’abord cherchée autour des mots liberté, égalité, propriété. La fraternité n’est arrivée que cinquante ans plus tard.

« Lions la volonté individuelle et la responsabilité universelle »

Aujourd’hui, le droit de propriété peut, en ce qui concerne le vivant, être un marqueur de notre prise de responsabilité. En effet, peut-on en tant que propriétaire, sans s’y sentir obligé ou contraint, prendre la décision de protéger le vivant au nom du bien commun ? Cela peut sembler contradictoire, mais en réalité c’est tout l’enjeu de notre époque en pleine mutation. Lier la responsabilité universelle et la volonté individuelle. En effet, la question du vivant, et plus largement de l’écologie, ne peut être résolue que sur la base de la volonté, de l’envie. Nous ne parviendrons pas à garantir à nos enfants un avenir serein sans avoir envie d’agir dans ce sens….

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Auteur: Reporterre