Voyage ébloui dans le sanctuaire des fous de Bassan

Réserve naturelle nationale des Sept-Îles (Côtes-d’Armor), reportage

Une radieuse journée de printemps se lève sur le port de Ploumanac’h, niché sur la Côte de granit rose. « Fait chaud ! C’est quoi, ce temps breton ? » s’amuse Armel Deniau, garde technicien à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). L’homme aux cheveux grisonnants embarque dans un bateau pneumatique avec ses collègues Grégoire Delavaud, jeune garde technicien à la LPO, et Pascal Provost, conservateur.

Leur destination ? Un havre de paix pour les oiseaux marins nicheurs, qui couvre 280 hectares : la réserve naturelle nationale des Sept-Îles, à quatre kilomètres au large des roches de Ploumanac’h. « Depuis leur mise sous protection, ces îles et l’estran qui les entourent sont devenues un refuge en période de nidification pour plusieurs catégories d’oiseaux », dit Pascal Provost. Parmi elles, le fou de Bassan, le plus gros des oiseaux de mer d’Europe.

Le site est une réserve naturelle depuis 1976. © Didier Flury/Reporterre

Le semi-rigide appareille dans une mer d’huile. Les rayons du soleil se déversent à flots sur l’étendue bleu turquoise. Leurs reflets incendient les yeux. Dans les bosquets qui longent la mer, le chant explosif des passereaux retentit. À peine sorti du port, Armel fait vrombir le moteur du bateau pneumatique, qui bondit sur les vagues. À l’avant de l’embarcation, les embruns salés se déposent les joues de Grégoire et Pascal, et le vent froisse les cirés.

Les naturalistes longent la plage de Saint-Guirec et dépassent le phare de Men Ruz, construit en granit rose. À l’horizon, malgré un léger brouillard, la silhouette des Sept-Îles se détache de plus en plus nettement. Soudain, le bateau fait une embardée : Grégoire a repéré un requin-taupe, surnommé « veau des mers ». « Incroyable », souffle le garde technicien de 28 ans, éberlué. Ses camarades aperçoivent l’aileron qui s’éloigne. « C’est exceptionnel de les voir à la surface », dit Armel.

© Gaëlle Sutton/Reporterre

À mesure que le bateau se rapproche de l’archipel, les naturalistes ralentissent l’allure. Le bruit du moteur et le mugissement des vagues fendues laissent place au doux clapotis de vaguelettes. Un murmure de piaillements et de chants d’oiseaux s’élève, petit à petit. Et quand les yeux se plissent, s’affûtent, et débusquent les instrumentistes volants, le spectacle devient vibrant. Un orchestre symphonique ailé se révèle.

Dans les airs, des cormorans huppés

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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre) Reporterre