Walter Benjamin révolutionnaire : éléments pour un portrait en « image dialectique »

Persuadé que les luttes des dernières années, notamment celle des Gilets Jaunes, participent à actualiser les potentiels révolutionnaires du siècle passé, Dietrich Hoss revient ici sur la vie et l’oeuvre de Walter Benjamin dont il juge la connaissance et la diffusion d’une « extrême urgence ». D’une part pour arracher son héritage à ceux qui voudraient faire de Benjamin un homme de lettres un brin mélancolique. D’autre part pour nourrir activement les frémissements révolutionnaires de notre époque. Il revient ainsi sur les premiers engagements de jeunesse de Benjamin et ses travaux sur l’enfance, souvent méconnus ; puis se concentre sur le renouveau et les critiques qu’il fait subir au marxisme orthodoxe ; pour terminer sur la censure et la dépolitisation dont son oeuvre fut victime, de son vivant jusqu’à aujourd’hui. Bonne lecture.

L’urgence extrême

Commençons avec la deuxième partie de notre questionnement :

« La connaissance du passé ressemblerait plutôt à l’acte par lequel à l’homme au moment d’un danger soudain se présentera un souvenir qui le sauve. Le matérialisme historique est tout attaché à capter une image du passé comme elle se présente au sujet à l’improviste et à l’instant même d’un danger suprême. »« Capter une image du passé » dans ce sens là veut dire une image occulte, refoulée ou enfouie jusqu’à ce moment d’éveil. Ce que constata Benjamin à propos d’une telle prise de connaissance du passé « au moment d’un danger soudain » vaut également pour la connaissance de lui-même comme personnage historique qu’on croit connaître, mais qui a subi maintes formes de défiguration et d’occultation. Benjamin partage le sort de tant d’autres « formes subversives et anti-bourgeoises de la culture » qu’il cherchait à sauvegarder en leur évitant « d’être embaumées, neutralisées, académisées et encensées (Baudelaire) par…

Auteur: lundimatin
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