Wissam El Yamni tué par la police : 10 ans de lutte pour la vérité

Début décembre, La Mule était à Marseille dans le cadre du mois (du 13/11 au 13/12) contre les violences policières. Avant un rassemblement en hommage à Zineb Redouane, nous avons rencontré Farid El Yamni, frère de Wissam (tué par la police pendant la nuit du réveillon 2012), et auteur de Wissam Vérité.

Écoutez ci-dessus l’interview de Farid El Yamni.

C’était il y a dix ans. « Le 9 janvier 2012, mon frère Wissam est décédé suite à une interpellation par la police ». Pendant la nuit du réveillon, à Clermont-Ferrand, Wissam El Yamni fête le Nouvel an avec ses amis d’enfance. Vers trois heures du matin, il jette un caillou sur une voiture de police. Interpellé et menotté, il est conduit au commissariat… Où, quelques dizaines de minutes plus tard, « il est allongé inconscient face contre terre dans le couloir, le pantalon baissé et sans ceinture. Il arrive à l’hôpital avec le visage très marqué et de gros bleus dans le cou ». Wissam décède à l’hôpital, après neuf jours de coma, à l’âge de 30 ans.

Presque dix ans plus tard, les policiers n’ont toujours pas été mis en examen. « L’enquête se poursuit ». Dans Wissam Vérité*, sorti en mars 2021, son frère Farid raconte son combat pour obtenir, à défaut de justice (aucune sanction ne compense la perte d’un proche), une reconnaissance « officielle » de la vérité. Un chemin semé d’embûches, où les dysfonctionnements organisés sont nombreux :

« Les trois juges d’instruction qui se sont succédé* n’ont jamais pu réaliser d’enquête sérieuse ». De nombreux témoins présents au commissariat, et dont la version diverge de celle des policiers, ne sont jamais entendus. Les caméras de surveillance du commissariat ou les communications des voitures de police ne sont pas examinées non plus. Rien pour contredire l’IGPN, qui explique le décès – avant même l’autopsie – à la technique dite du pliage.

– L’autopsie, réalisée neuf jours plus tard « comme s’il venait de mourir », par un légiste qui n’a pas le rapport médical de l’hôpital, ne prend donc pas en compte les fractures en cours de cicatrisation, et s’appuie sur des photos antidatées prises par la police. Cette autopsie « valide l’hypothèse de l’IGPN ». Le décès est dû au pliage. Les traces de strangulation seraient dues au frottement de son écharpe. « Mon frère était un grand sportif avec un cœur solide, écrit Farid El Yamni. Comment aurait-il pu mourir d’avoir eu la tête entre les genoux quatre à cinq…

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Auteur: La Mule