« Wissam Vérité »

Nous avons régulièrement parlé de l’affaire Wissam El-Yamni, décédé en janvier 2012 après avoir été interpellé par la police de Clermont-Ferrand le réveillon précédent. Ce mercredi 8 avril, son frère Farid publie « Wissam Vérité » aux éditions du croquant. Le livre retrace 9 années de témoignage, de récit, d’interventions et d’analyses. C’est l’histoire de la découverte du fonctionnement de la police et de la justice, des milieux militants, de la politique. C’est l’histoire d’une lutte pour la dignité d’un frère.

Bonjour Farid, vous venez de publier Wissam Vérité. Ce livre s’articule autour de la mort de votre frère Wissam mais c’est aussi et peut-être surtout, un livre très personnel, le récit d’une lutte de bientôt 10 ans. D’une lutte pour la vérité quant aux conditions de la mort de votre frère aux mains de la police mais aussi d’une lutte pour la « diginité », c’est un terme qui revient très régulièrement au fil de vos textes. Qu’est-ce qu’une vie digne selon vous ?C’est vrai que la notion de dignité me semble centrale. La notion d’honneur se rapporte aux autres, la notion de dignité renvoie à soi et au monde. Pas forcément aux autres : au monde. La dignité, à mon avis, c’est ce qui fait que l’on vit plus que l’on survit. Ce petit sel dans l’existence, sans qu’il n’emporte le sel des autres existences. Cette petite voix en nous-mêmes qui nous dit : « tu as une place dans ce monde, tu as ta place dans ce monde, ta vie compte et elle sera comptée, tes droits sont inaliénables ». On pourrait dire a priori que peu importe les événements extérieurs, on choisit d’être digne ou de ne pas l’être. Je pense qu’effectivement, il y a une part irréductible de nous-mêmes que personne ne peut toucher, une liberté indépassable. Mais il y a aussi une autre part de nous-mêmes qui appelle une reconnaissance du monde pour s’actualiser et se construire. Pour avoir le sentiment de faire partie du monde, il faut que celui-ci nous reconnaisse comme faisant partie de lui, sans quoi il nous est hostile.Dans un texte de 2015, vous écrivez « Par rapport à un problème sociétal, plus que de changer les autres, il s’agit de se changer soi-même ». Avec le recul, qu’est-ce que le décès de votre frère et la lutte qui s’en est suivie a changé en vous ?En France, lorsque l’on se retrouve face à un problème, le premier réflexe est de renvoyer la faute vers les autres. Au Japon, a contrario, comme on…

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Auteur: lundimatin