Wwoofing : quand des « vacances solidaires » virent au cauchemar

« Je travaillais sept jours sur sept, parfois jusqu’à 20 heures. Il fallait toujours que j’en fasse plus. » Après sa licence, Isaure rêvait d’un voyage roots, immergée dans une nouvelle culture. Une offre alléchante de wwoofing dans une ferme de chiens de traîneau la séduit. Direction la Laponie suédoise en novembre 2020. Elle a vécu deux mois d’angoisse.

Le wwoofing tire ses origines de la volonté d’encourager le tourisme vert. Le principe : travailler gratuitement dans des fermes en échange du gîte et du couvert, pour des vacances à moindres frais. L’association World Wide Opportunities on Organic Farms (Occasions mondiales dans des fermes biologiques) est née dans les années 1970 au Royaume-Uni, et a donné, un peu malgré elle, son nom au « wwoofing ». Dans l’Hexagone, le concept est arrivé en 2007 et compte aujourd’hui plus de 23 000 adhérents, hôtes et visiteurs confondus.

Si Wwoof France opère un contrôle rigoureux des offres, d’autres plateformes, beaucoup plus obscures, profitent de la connotation positive du terme « wwoofing » pour mener un business profitable. Un laxisme qui ouvre la porte à toutes les dérives.

« Le propriétaire agissait comme un gourou »

C’est que le concept de wwofing a du succès. Les plateformes Workaway et HelpX l’ont bien compris. Sur ces sites, de beaux paysages et des visages d’hôtes accueillants. Isaure, Fany, Julie, Estelle et Anna : toutes ont été séduites par ces vacances alternatives. Plus responsables, ces séjours à la ferme semblaient donner un véritable sens à leur voyage. Un idéal de partage culturel et écologique. Du moins, sur le papier.

En 2019, Fany, la vingtaine, a été séduite par une annonce sur Workaway pour travailler dans un gîte écologique et centre de yoga dans la jungle costaricienne : accueil des clients, cuisine, jardinage… La jeune femme a rapidement déchanté : « Il n’y avait quasiment pas de clients, mais une dizaine de bénévoles, presque que des filles entre 20 et 30 ans. » Mak, l’Américain bâtisseur du lodge, y animait des cérémonies « Radical Honesty », une communauté née aux États-Unis prônant une « honnêteté radicale ».

« Mak nous réunissait sur la terrasse de yoga et nous demandait d’exprimer toutes nos émotions, il incitait les filles à pleurer et à dire ce qu’elles pensaient des autres. On se serait cru dans un remake malsain de Yes Man, où il tentait de nous convaincre de sa “thérapie”, il agissait un peu comme un gourou », déplore la jeune…

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Auteur: Reporterre