C’est peu dire que le cinéma de Quentin Dupieux, réalisateur singulier mais aussi compositeur de musique électronique, constitue une expérience à part. Ses films, étranges par leur forme autant que par leurs sujets, sont imprégnés d’un humour noir qui oscille entre l’absurde et le surréalisme. Mais qu’est-ce que son cinéma atypique peut nous apprendre sur la fragilité des institutions, la fonction de l’art dans les conflits sociaux, ou encore la dynamique du mépris dans les sociétés contemporaines ? C’est dans le but d’explorer ces questions, et avec une approche volontairement éclectique, empruntant autant à la psychologie sociale qu’à la philosophie ou la littérature, que j’analyserai le film de Quentin Dupieux sorti récemment, Yannick.
Ainsi débute l’intrigue : Yannick, gardien de nuit sur un parking, est venu assister à une représentation de théâtre, plus exactement un vaudeville, afin de s’évader d’un quotidien morose. Or, visiblement, la représentation du soir à laquelle assiste Yannick paraît fort poussive, c’est le moins qu’on puisse dire ; les comédiens se montrant peu soucieux de la qualité de ce qu’ils sont en train d’interpréter. Une soirée gâchée. Au fond, tout pourrait s’arrêter là.
Mais par son initiative, Yannick fait entendre une parole dissonante et qui détraque les règles du jeu du théâtral, interpellant de vive voix les comédiens, sidérés et rendus incrédules par tant d’audace et d’inconscience. Yannick se défend : cette pièce n’était-elle pas censée lui remonter le moral ? N’était-il pas venu ici pour passer un bon moment ? Qui lui remboursera sa journée de congé et ses deux heures de transport ?
Cette prise de parole naïve coïncide avec une première rupture qui traduit la profondeur de l’incompréhension mutuelle entre la troupe de comédiens et Yannick. Ce dernier rappelle la dureté de ses conditions de vie et de travail,…
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Auteur: Gabriel Lomellini, Assistant Professor, HR and Organizational Behavior, ICN Business School