YAQCQC : « Y'A QUELQUE CHOSE QUI CLOCHE »

Le Groupe Grothendieck, dont nous publiions l’an dernier un « Avis aux chercheurs, professeurs et ingénieurs » constitué de dix thèses de critique radicale contre la techno-science, revient ici sur les « néo-mouvements » des dernières années (les Gilets Jaunes et surtout le mouvement contre le pass et les restrictions sanitaires). Malgré une prose parfois ardue qui emprunte à Temps Critiques ainsi qu’à G.Cesarano ou J.Camatte, la position est claire : participer de ces mouvements est la seule manière d’articuler le sentiment diffus que « Y’a quelque chose qui cloche » avec un refus plus radical de ce monde et des formes de luttes concrètes.

«  La notion de liberté a été énormément touchée parce que globalement on accepte une atteinte sous contrainte à nos corps. Pourtant, la gestion de mon corps, le choix de me soigner de telle ou telle manière, c’est ma première liberté. Fondamentale. Accepter une injection sous contrainte pour retrouver sa liberté, ça veut dire qu’on a perdu ce que signifie la liberté. La liberté, c’est pas de pouvoir aller au resto. »Entendu chez une militante anti-pass à Grenoble, Décembre 2021.

« Y’a quelque chose qui cloche, vous voyez c’que j’veux dire, non ? ». Cette phrase entendue sur un rond point bardé de jaune fluo il y a quelques années de cela, nous la comprenons de mieux en mieux. Sa portée politique, sa justesse dans l’intuition et en même temps son flou dans cette « chose » qui cloche provient d’un double processus historique : à la fois il y a une perte définitive de la « dialectique de classe ». L’antagonisme de classe traditionnelle entre d’un côté patrons et possédants et de l’autre prolétaires et exploités existe toujours mais n’est plus structurant historiquement donc socialement. Cet effacement est à mettre en lien avec un processus de particularisation des rapports sociaux depuis les années 60 en autant de subjectivités parcellaires, celles-ci étant en prise directe dans la survie quotidienne avec les forces obscures du capital. Le travail salarié n’étant plus essentiel à la reproduction du capital nous comprenons que la « classe des travailleurs » n’est plus une force historique. Ce nouveau rapport social des « corps-esprits » nus, dans la vie quotidienne en prise aux affres du capital, c’est-à-dire dans un antagonisme directe, sans médiation, entre ce qui vit en nous et l’exploitation généralisée qui nous tue, est en même temps une occasion de surgissement de nouvelles…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin