Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »

Yassin al-Haj Saleh est l’auteur de nombreux ouvrages sur la Syrie. Il a aussi cofondé la revue en ligne Al-Jumhuriya. Il vit depuis 2013 en exil, d’abord en Turquie puis en Allemagne, où il réside toujours. Sa femme, la militante des droits humains Samira Al-Khalil, a été enlevée en 2013 par un groupe islamiste et n’a jamais réapparu, de même que l’un de ses frères, kidnappé par Daech. 

La chute du régime était l’objectif de tous les révolutionnaires syriens qui se sont soulevés en 2011. Comment conciliez-vous ce rêve que vous aviez et cette nouvelle réalité ?*

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Cet entretien a été réalisé avant l’attentat-suicide contre une église dans le centre de Damas, le 22 juin.

Yassin al-Haj Saleh : Je suis très heureux et en même temps je ne me sens pas victorieux. Ce n’était pas la victoire que j’espérais. Je me bats pour la démocratie, une démocratie séculaire, une société gouvernée par la loi, le droit d’expression, d’assemblée, de protester. La tenue d’élections libres et une société qui participe aux décisions. Ce que nous avons maintenant est différent. Peut-être que ça prendra beaucoup de temps. Mais je ne peux pas me consoler en me disant que les révolutions sont des processus longs et qu’il faut être patient. Il faut changer les choses maintenant. Donc non, je ne me sens pas victorieux, et en même temps je ne suis pas en colère. La chute du régime nous a tous mis en crise. 

Le nouveau gouvernement n’exclut pas seulement les minorités des prises de décision, mais aussi ceux qui se sont battus contre le régime.

Ce que je veux dire, c’est que j’ai combattu contre le régime Al-Assad pendant quarante-sept ans. C’est comme si j’avais poussé une porte pendant des années et des années, et qu’elle…

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Auteur: Hugo Lautissier