Yves Rocher poursuivi pour de graves atteintes aux libertés syndicales

 

Deux ONG françaises, un syndicat turc et 34 anciens salariés d’une entreprise appartenant à Yves Rocher assignent le groupe de cosmétiques devant le tribunal de Paris, à propos de sa responsabilité quant aux agissements de sa filiale turque. En 2018, celle-ci avait licencié 132 salariés, majoritairement des femmes, afin de ne pas voir s’implanter un syndicat dans son usine de la banlieue d’Istanbul.

 

Ce fut une longue lutte au cours de l’année 2018 en Turquie. Cette année, ce sera un dossier judiciaire, non dénué d’enjeux, portant sur la responsabilité sociale des entreprises en France. Ce mercredi 23 mars, les ONG Sherpa et ActionAid, ainsi que le syndicat turc Petrol-Is qui représente 34 salariées requérantes, assignent l’entreprise Yves Rocher devant la justice, en vertu de la loi relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d’ordre, promulguée en 2017.

En cause, les agissements de l’entreprise turque Kozan Kozmétik Sanayi qui produit les cosmétiques de la marque Flormar, rachetée à hauteur de 51 % du capital par le groupe Yves Rocher en 2012. L’histoire remonte à 2018. Cette année-là, le syndicat Petrol-Is tente de s’implanter auprès des ouvriers et ouvrières de l’usine de Gebze à 30 kilomètres d’Istanbul, où les salaires sont insuffisants et les conditions de travail contestées. Il obtient son agrément après du ministère du travail turc le 3 avril, mais cette décision est immédiatement contestée par l’entreprise qui entame un recours. Dans le même temps, cette dernière licencie 14 premiers salariés membres du syndicat.

Des tentes sont installées devant l’usine pour protester et une partie des salariés du site expriment leur soutien. C’est le début d’une longue lutte qui va durer près d’un an. « Pour briser cette solidarité, Flormar procède à de nouveaux licenciements », se rappelle Rıza Köse, le secrétaire aux relations internationales du syndicat turc Petrol-Is, parti prenante aujourd’hui de l’assignation devant la justice française du groupe Yves Rocher. L’ambiance est alors à la chasse aux sorcières et les pressions sont maximales. C’est ce que raconte Feryat, une ouvrière licenciée par la suite. Elle témoigne auprès des ONG que son supérieur lui a demandé la liste des employés syndiqués contre la promesse de conserver son poste. Elle refuse.

 

 

Le mois suivant les premiers licenciements, le nombre de salariés virés grimpe à 115, sur un effectif total de moins de 400. Feryat fait…

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Auteur: Stéphane Ortega