Zad de Lützerath : la « traîtrise » des Verts allemands

Greta Thunberg interpellée par deux policiers allemands, une chaîne humaine face au gouffre géant d’une mine de charbon : les images de l’évacuation du hameau de Lützerath, promis à la destruction par l’énergéticien RWE, ont fait le tour du monde. « L’Allemagne se ridiculise » : les mots de Greta Thunberg, la plus célèbre des activistes du climat, ont résonné de l’Inde aux États-Unis, de la Turquie au Qatar, en passant par la France.

L’extension de la mine à ciel ouvert qui borde Lützerath, dans l’ouest du pays, abîme la réputation de Berlin. « D’un côté, extraire du charbon et évacuer les protestataires, parfois par la force ; et de l’autre, plaider pour plus d’ambition lors des conférences sur le climat ? C’est perçu comme de l’hypocrisie », explique Richard Klein du Stockholm Environment Institute au média allemand Climate.

Pour autant, ni les autorités ni la compagnie n’ont l’intention de renoncer au projet. L’évacuation s’est achevée en une semaine, contre six prévues initialement. La phase de destruction du hameau doit durer dix jours. « La mine pourra exploiter le sous-sol de Lützerath à partir de mars ou avril », a affirmé le 16 janvier un porte-parole de RWE au journal local Rheinische Post.

L’accord passé en octobre dernier entre RWE et les autorités prévoit la destruction de Lützerath en échange d’une fin accélérée de l’exploitation du bassin minier rhénan : la date de sortie définitive est avancée à 2030, contre 2038 auparavant. RWE abandonne également son projet de raser cinq villages voisins de Lützerath : Keyenberg, Unterwestrich, Oberwestrich, Kuckum et Berverath, qui comptent au total quelque 500 habitants.

Le parti écologiste sous pression

Signataire de l’accord, le parti écologiste des Grünen est sous le feu des critiques. La formation, qui cogouverne en coalition avec les sociaux-démocrates du SPD et les libéraux-démocrates du FDP, défend un « compromis inévitable » : « RWE a un droit légal à exploiter Lützerath », a expliqué la cheffe des Grünen, Ricarda Lang, le 19 janvier à la télévision publique ARD, faisant référence à de récentes décisions de justice rendues en faveur de la compagnie. En outre, les Verts assurent que le sevrage de l’Allemagne du gaz russe, en raison de la guerre en Ukraine, « nécessite davantage de charbon, de manière transitoire » afin d’assurer « la sécurité d’approvisionnement énergétique » du pays.

Un argumentaire inacceptable pour les militants proclimat, qui mettent en avant des études, comme celle de l’Institut allemand d’études économiques : non seulement l’Allemagne pourrait se passer du charbon de Lützerath, mais elle mettrait en…

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Auteur: Violette Bonnebas Reporterre