Zemmour et Mélenchon : le fact-checking comme discours d'escort.

Pourquoi le fact-checking ne marche(ra) plus (jamais).

J’ai regardé le débat sur BFMTV entre Zemmour et Mélenchon. Je l’ai regardé avec la même curiosité veule qui fait que l’on regarde une querelle de voisinage en bas de sa cour d’immeuble dissimulé derrière sa fenêtre. Et puis aussi parce qu’il avait été annoncé comme accompagné d’une armée de fact-checkers. Et que je voulais voir de quel dispositif médiatique il allait être question et de la manière dont les candidats tous deux fact-checkés allaient réagir. Et ce fut … assez intéressant. 

D’abord le choix des chiffres donnant lieu a vérification donnait une indication assez précise de l’orientation politique éditoriale de la chaîne : là où l’on reprit Zemmour sur le nombre de clandestins et d’immigrés irréguliers en annonçant 800 000 quand il avait parlé de plus d’un million, on « vérifia » Mélenchon sur le nombre de personnes ayant recours à l’aide alimentaire qu’il avait chiffré à 8 millions pour le ramener à à peine plus d’un million. Entre deux maux il faut choisir le moindre, et entre deux débatteurs alignant des faux chiffres, il faut également choisir celui qui énonce les moindres mensonges ou les chiffres les moins faux en proportion. A ce titre et de manière constante, la « vérification » mise en place à l’issue de chaque partie du débat donna Zemmour comme énonçant des mensonges reposant sur des écarts et des moyennes de chiffres beaucoup plus faibles que Mélenchon.

Face à leurs discours ainsi vérifiés, la posture des deux hommes fut également bien sûr éclairante : là où Zemmour se montra agressif et insultant avec la journaliste (« vous êtes ridicule« ), contestant ses chiffres et justifiant sa contestation en délégitimant la source d’où la journaliste les tenait (un sociologue spécialiste des migrations présenté par Zemmour comme un idéologue – sic), Mélenchon prit le parti inverse. Il accepta (en soulignant l’effet miroir d’avec Zemmour) les chiffres donnés et corrigés, il légitima l’importance du travail journalistique, alors même précisément que les chiffres du fact-checking étaient … faux.

Comme cela fut en effet démontré en parallèle dans les autres espaces de fact-checking (militants ou non) accompagnant le débat en direct ou lui succédant tard dans la nuit ou tôt le lendemain (et dont Vincent Glad propose en thread récapitulatif tout à fait éclairant), Mélenchon avait en effet raison en donnant le chiffre des 8 millions de personnes ayant recours à l’aide alimentaire alors que la journaliste de…

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Auteur: olivierertzscheid Olivier Ertzscheid