Zoom-parano ; chronique gonzOrwellienne de l’aliénation étudiante

Dessin : Rémi Mayné. Instagram : Rémi.Mayne

Alors que de nombreux étudiants vont bientôt reprendre les cours en présentiel semaine, le gonzo-journaliste de notre rédaction vous propose de se replonger dans le quotidien numérisé d’une jeunesse sous cloche l’hiver dernier, en espérant que cela ne se reproduise pas cette année.

Article initialement paru dans le numéro 34 du Poing, imprimé en avril 2021

« C’est difficile d’avoir vingt ans en 2020 », qu’il disait l’autre empaffé de Macron. Et c’est pas prêt de s’arranger en 2021… On aimerait bien l’y voir lui, enfermé dans une cage à lapin, scotché huit heures par jour sur une plate-forme de réunions en ligne où rien ne marche. Stress,  « démerdentiel », Netflix et problèmes de connexion : récit d’une jeunesse étudiante numérisée. 

Réveil à 8h56, début des cours à 9h. On est dans les temps. Le café coule pendant que les retardataires se connectent sur Zoom (plate-forme de réunion en ligne). Il est 9h10, la camarade confinée au fin-fond de l’Aveyron n’arrive toujours pas à se connecter faute de bande-passante, et le prof commence à pester, en disant qu’on n’arrivera jamais à la fin de son cours.     « Vous pouvez allumer vos caméras s’il vous plaît ? Vous savez, c’est très étrange de faire cours devant un écran noir… ».         Panique générale sur la conversation Messenger de la promo : « Mais je suis encore au lit ! », « Oh non, pitié… ». Quelques secondes plus tard, des visages pâles et fatigués apparaissent en vignettes sur l’écran. Certains dans leur chambre, leur studio ou chez leurs parents, avec en fond, affiches, linge, chat ou petite sœur qui crie etc.… « Eh vous, vous fumez une clope pendant que vous êtes en cours ? », demande le prof. « Baaah, je suis chez moi quoi… » Répond une étudiante. La scène paraît surréaliste, et le décloisonnement entre vie intime et travail est total.

A la pause de midi, on passe en revue ses mails : pubs multiples et sans fin, informations contradictoires sur l’organisation de la reprise/des examens, consignes d’exercices floues, profs portés disparus qu’on harcèle de messages, refus de stage pour cause de situation sanitaire tendue… Certains envoient des appels à l’aide sur la conversation de promo. « Vous aussi vous trouvez qu’on à trop de trucs à faire ?  Venez, on demande un délai au prof » – « Qui a compris ce qu’il fallait faire pour le…

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Auteur: Le Poing