Alors que depuis deux ans, les mobilisations dans le monde agricole s’exacerbent, elles sont largement dominées par une concurrence entre la FNSEA et la Coordination Rurale. Si ces deux organisations ne représentent pas nécessairement les mêmes intérêts ni les mêmes secteurs au sein du milieu agricole, elles se rejoignent sur l’essentiel : mettre fin à toutes les réglementations environnementales, accentuer le productivisme agricole, s’en prendre aux écologistes ainsi qu’à toutes les instances de régulation de l’agriculture. Elles sont soutenues par une grande partie des élus de droite. Parmi eux, le sénateur Laurent Duplomb, dont la loi qui porte désormais son nom risque d’être adoptée dans les prochains jours, posant plusieurs problèmes graves, tant dans son contenu que du fait du caractère anti-démocratique de son adoption.
Une loi reprenant les propositions de la FNSEA
L’énoncé de la loi Duplomb est assez court, constitué de 6 articles regroupés en trois titres.
L’article premier revient sur la séparation de la vente et du conseil des produits phytosanitaires, ce qui favorisera les conflits d’intérêt, dans la mesure où les conseils vont devenir une simple publicité dans les mains des vendeurs de ces mêmes produits.
L’article deux porte sur les pesticides, dont les néonicotinoïdes. Aujourd’hui, la législation française est plus protectrice que la loi européenne, et interdit des néonicotinoïdes autorisés au niveau européen. Avec cette nouvelle loi, le droit français s’alignera sur le droit européen. Ça pourrait être par exemple le cas pour l’acétamipride, un insecticide utilisé contre les ravageurs en particulier dans les cultures de betteraves ou de noisettes, mais qui tue les pollinisateurs ; il est interdit en France depuis 2018, mais autorisé dans l’Union européenne jusqu’en 2033. De tels pesticides ont un impact négatif sur la biodiversité et sur toute la chaîne…
Auteur: Attac France